La Crau est une plaine alluviale de 60 000 ha située aux portes d’Arles, entre Alpilles et Méditerranée. C’est le delta fossile de la Durance, qui y a charrié pendant cinq millions d’années des galets arrachés aux massifs des Alpes. Il y a 18 000 ans, le lit de la Durance est dévié, et son delta s’assèche pour laisser place à une steppe semi-aride : le « coussoul ».
Le coussoul est renommé pour ses oiseaux, typiques des steppes ibériques et du Maghreb. Espèce phare, le ganga cata ne niche nulle part ailleurs en France. Le faucon crécerellette, l’alouette calandre, et l’outarde canepetière ont ici une part importante de leurs effectifs nationaux. L’œdicnème criard, le rollier d’Europe, le pipit rousseline, l’alouette calandrelle et la chevêche d’Athéna sont aussi des nicheurs remarquables.
Le pluvier guignard, le faucon kobez et le milan royal sont fréquents en migration ou en hivernage. Près de 150 espèces d’oiseaux sont observables dans la réserve naturelle. Le lézard ocellé, reptile autrefois abondant, est aujourd’hui très menacé. Le coussoul abrite deux insectes endémiques : le criquet de Crau et le bupreste de l’Onopordon. Certains canaux hébergent des communautés de libellules parmi les plus riches d’Europe, avec près de 50 espèces.
Le coussoul est un milieu très contraignant pour la flore: les galets recouvrent jusqu’à 70 % du sol. De plus, une véritable dalle de ciment naturel s’étend à quelques centimètres sous la surface : le poudingue. La plante la plus répandue est une graminée, le brachypode rameux. La coexistence du thym, de l’asphodèle fistuleux et du stipe chevelu fait du coussoul une communauté végétale unique.
Malgré son apparence monotone, le coussoul est une subtile mosaïque de milieux : la végétation change localement selon la pression de pâturage.
Le coussoul abrite peu de plantes menacées. On y trouve néanmoins une sous-espèce endémique de lichen. Une fougère très rare, la scolopendre sagittée, pousse dans certains puits.